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Jean-François Spricigo

 

"Les Îles"

 

Dans l'océan mouvant et immense des images qui nous traversent, les photographies sont des îles, des terres fermes où poser le pied, mondes circonscrits que l'on peut parcourir et explorer.

 

Les images de Jean-François Spricigo sont ainsi : des îles émergées, formes soudain figées, comme nées des profondeurs de la conscience, reliées en archipel par l’assise profonde que leur confère le regard et la sensibilité d’un artiste qui aime à considérer le monde comme un tout, où les contradictions et les séparations ne sont qu’un effet de notre manque d’écoute et de nos défiances.

 

Mais, plutôt que du temps figé (peu ou pas d’instant décisif dans ces photographies), elles donnent à voir des états de conscience, de soudaines illuminations nous offrant une traversée vers d’autres îles : chiens, arbres, enfants... d'autres existences.

 

Jean-François Spricigo nous invite dans le mouvement des paysages et des rencontres offertes par une curiosité, une écoute du monde qui lui est propre. Une photographie si libre et personnelle qu'elle rappelle le poème par le renouvellement et l'illumination conféré aux mots, aux images.

 

Didier Brousse

 

 

 

J’ai grandi sous un ciel d’orage, une pluie fine dessinait mes pas.
En ces paysages d’illusions, j’égarais le fil de mon existence.
Un soir, l’instant fébrile se fit déluge, emporté par les vents des autres, moi avait disparu.

 

Tous étions désunis, fragmentés dans nos vies, sans autre intention que celles accordées à nos craintes. L’espace alentour désormais muselé en nous-même, l’autre fut condamné à l’impasse du quant-à-soi.
Je finis par rencontrer le destin, celui de n’en être aucun, aucun autre que d’oser la vérité d’un pays sans chemin.
À marcher vers ailleurs, la solitude devient un privilège, l’audace une promesse. Libéré des attentes, la rencontre émerge enfin. Au présent, chacun peut s’y reconnaître, et nous aussi.

 

Empreintes photographiques, vagues isolées dans l’infini des océans, animaux flamboyant au souffle de leur salutaire sauvagerie, humains particuliers et cependant si semblables.
Le Tout n’a jamais souffert de ses parties, elles sont immémorialement liées à son mystère autant qu’à sa clairvoyance. Une amplitude au-delà de toute secousse, une puissance au-delà de tout pouvoir.
Tant d’éléments indissociables et pourtant singuliers, tant de Vie où rien ne manque et où tout y est indispensable. Ainsi palpite l’originel paradoxe de la naissance et la mort.

 

Nous y voilà, à l’inspiration du souffle.
Marcher au bord de l’eau, au bout d’un monde, d’île en île, points de suspension vers cette phrase à écrire.
Un air d’ailleurs, de sel, de larmes de froid, de soi, de joie, et tout entier emporté.
Ailleurs.

 

Chacun ensemble, retrouvons-nous.

 

Jean-François Spricigo

 

 

 

Exposition du 2 juin au 19 juillet 2019

Vernissage le jeudi 1er juin à partir de 18h

 

 

Galerie Camera Obscura

268, boulevard Raspail

75014 Paris

 

mardi - vendredi 12h - 19h / samedi 11 - 19h

 

 


 

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