Enric Mestre est né en 1936 en Espagne, à Alboraia, près de Valencia.
Peintre et sculpteur, il est l'un des céramistes les plus respectés de sa génération et son travail a été largement exposé en Europe, en Asie et aux États-Unis. Nous sommes heureux de présenter pour la première fois en France une exposition qui associe les deux versants de cette œuvre : peinture et céramique. L'art de Mestre est une exploration subtile de formes, de couleurs et de matières qui s'agencent dans une géométrie intuitive, vivante, inspirée des paysages et de l'architecture populaire de la huerta, plaine fertile qu’il peut quotidiennement voir depuis son atelier d’Alboraia où il habite et travaille toujours, à bientôt quatre-vingt-dix ans.
Le dessin est la base de son œuvre. A la fois exercice de réflexion et de méditation, il est le jardin intime de Mestre, d’où naissent ses créations. Au fil des années, il a ainsi accumulé un grand nombre de cahiers dans lesquels il développe sans cesse un alphabet de formes que l’on retrouve ensuite dans sa sculpture et sa peinture.
Céramique
Le projet une fois étudié par le dessin, Mestre met en œuvre toute sa maîtrise du façonnage et de la cuisson du grès afin de lui donner forme. Il ne s’attache pas seulement à la forme et à la couleur, mais aussi à la texture de l’œuvre, souvent différenciée selon ses faces, du lisse de l’émail au rugueux du grès chamotté. Tout le processus, depuis le façonnage jusqu’à la cuisson, est d’une grande exigence et nécessite souvent plusieurs passages au four pour arriver au résultat attendu. L’intuition de départ, formalisée par un dessin, prend ainsi vie dans une suite complexe d’opérations livrées à l’alchimie du feu.
Peinture
D’une géométrie qui semble abstraite, la peinture de Mestre se nourrit, tout comme sa sculpture, des images de la huerta, de ses parcelles aux sillons de terre brune, avec ses canaux d’irrigation et ses maisons aux formes cubistes. Elle est une émanation de ce paysage et du travail mené par les hommes depuis des générations pour le façonner. De tout cela, patiemment distillé, seule demeure la spiritualité d’une peinture à la beauté austère.
Didier Brousse