La nature et l’artifice : signes dans le paysage
Dans ses paysages japonais, Michael Kenna joue bien souvent de l’étrange fusion de la nature et des signes de l’activité humaine qui se fondent dans le paysage, contribuant à créer l’atmosphère unique de ses images.
Un sentiment d’harmonie s’en dégage, mais il se teinte parfois d’inquiétude lorsque ces vestiges, à moitié digérés par la nature, évoquent un monde disparu.
C’est cette paix un peu étrange, la beauté d’un paysage habité mais revenu à son silence immémorial, que Michael Kenna a recherché assidûment et depuis bientôt trente ans au cours de ses nombreux voyages au Japon.
Dans les terres enneigées de Hokkaïdo comme sur les rivages de la mer étale de l’archipel, les digues contre les tsunamis, les barrières sur la neige, les vestiges d’un quai, structurent et dessinent le paysage.
Mais la nature possède aussi ses propres signes et l’arbre seul dans la neige trace sa parfaite calligraphie.
Rafu et Rosanjin
Mais l’histoire d’amour de Michael Kenna avec le Japon ne se résume pas aux seuls paysages.
La culture japonaise et son esthétique de l’image et du signe ont marqué sa vision et lui ont inspiré des recherches inédites sur le nu (Rafu) et la céramique (Rosanjin) dont nous présentons des extraits.
Dans l’exacte lignée de son approche du paysage, elles proposent une organisation très maîtrisée du cadre, une précision de l’image carrée, de ses lignes de force : une perfection toute japonaise du geste photographique.
Didier Brousse